“Dans les textes de GIBSON, on se retrouve au niveau de la rue et des impasses, dans le monde dur et crasseux de la survie à tout prix, où la technologie évoluée est comme un constant bruit de fond subliminal”.
(Bruce STERLING) Cyberpunk. Cyber pour cybernétique et punk pour … punk. On ne sait trop d’où vient ce mot puisque Gardner DOZOIS, à qui certains en ont attribué la paternité, refuse modestement de l’endosser. Mais on s’accorde généralement à penser que la parution dans la revue Omni d’une nouvelle de GIBSON intitulée Johnny Mnémonic marque les prémices du mouvement littéraire ainsi baptisé. En quelques pages, le décor est planté, urbain, violent, glacial, et le style est créé, incisif et précis. Quant au “bruit de fond subliminal” qu’évoque STERLING, il est déjà là plus qu’audible !
Neuromantiques :
“Le ciel au-dessus du port était couleur télé calée sur un émetteur hors service.” Ainsi commence Neuromancien, le premier roman de William GIBSON, qu’on considère comme l’œuvre fondatrice de la mouvance cyberpunk (à telle enseigne que certains vont préférer cette dernière appellation celle de “neuromantique”). Le livre obtient la même année les prix Hugo, Nebula et Philip K.DICK.
Case, son héros. Est un pirate de l’informatique au cerveau directement branché sur des banques de données. Il s’agit, comme l’écrit Norman SPINRAD, “d’un punk nouvelle façon, un punk intellectuel plutôt qu’un gominé”. GIBSON explore un univers semblable dans Comte Zéro, inventant une littérature en prise sur le monde contemporain, aussi complexe que cette réalité et ne se contentant pas de tirer de vagues plans sur la galaxie.
Le mouvement qui se constitue autour de GIBSON, s’il rompt avec une certaine Science Fiction en ébauchant des visions alternatives du présent plutôt qu’en rêvant d’ailleurs simplistes, n’en possède pas moins les caractéristiques communes à tous les groupes littéraires qui l’ont précédé dans l’histoire du genre :
il s’agit d’une fédération d’auteurs, que lient un intérêt commun pour certains domaines (par exemple, en l’occurrence, les technologies nouvelles) mais surtout sans doute des affinités personnelles, fort divers de par leurs origines et leur culture pais tous, comme le dit STERLING, “imprégnés du savoir et des rites propres à la SF”. Ce “clan des verres miroirs” ( comme on les appelle encore) n’est nullement en rupture de ban. En cela, d’ailleurs, on peut s’interroger sur la pertinence du rapprochement avec le mouvement punk. Instruits, complexes, raffinés, reposant sur une solide assise culturelle – littéraire comme scientifique -, proclamant “demain, tout de suite !” plutôt que “no future !”, les écrits de GIBSON et de ses pairs n’ont à vrai dire rien de commun avec cette branche déliquescente de la musique rock, sinon un penchant marqué pour le paysage urbain et les décombres technologiques.
extrait du guide: La Science-Fiction, de Lorris Murail, LAROUSSE
Bibliographie
- Gravé sur chrome (1986 – J’ai Lu 2940)
- Fragments de rose en hologramme (Librio)
- Neuromancien (1984 – J’ai Lu 2325)
- Comte zero (1986 – J’ai Lu 2483)
- Mona Lisa s’éclate (1988 – J’ai Lu 2735)
- Lumière virtuelle (1993 – J’ai Lu 3891)
- la Machine à différences (avec Bruce Sterling) (1990 – Robert Laffont Ailleurs et Demain)
- Idoru (1996 – J’ai Lu 5346)
- Tomorrow’s parties (2001 – Au Diable Vauvert)
Laisser un commentaire